Pour les élu·es et politicien·es engagé·es au niveau communal, cantonal et fédéral
qui ont pris la parole lors de la conférence de presse, il n’y a aucun doute : ce projet
d’élargissement de l’A1 est néfaste, hors de prix et inutile. Les bouchons ne seront
pas résolus, au contraire, ils vont empirer, selon le phénomène du trafic induit,
largement documenté. Par conséquent, le trafic dans les communes proches
explosera. Mathias Buschbeck, conseiller administratif vert à Vernier, alerte : "Pour
Vernier, élargir l'autoroute c'est 10 ans de chantier pour aboutir à plus de trafic sur
toute la commune et une dégradation de nos espaces naturels."

Jean-Valentin de Saussure, vice-président des VERT·E·S VD et conseiller communal à Mies, abonde : « Aucun trafic ne naît ou ne s’achève sur l’autoroute. L’augmentation du nombre de véhicules induite par l’extension aux jonctions de Nyon et de Coppet aura comme effet de surcharger au quotidien les communes des alentours de Nyon et de Terre Sainte, causant plus de nuisances pour la santé et l’environnement. » Du point de vue de la santé, étendre les autoroutes amène plus de gaz d’échappement et de nuisances sonores, mais aussi plus de microplastiques issus de l’abrasion des pneus des voitures - qu’elles soient thermiques ou électriques. Accidents, bruit, nuisances : des coûts de la santé supplémentaires considérables en découleront.

A propos des coûts, Olivier Bolomey, président du PVL VD, dénonce un projet
beaucoup trop cher dans son ensemble. Le montant de CHF 5.3 mia sur lequel nous
nous prononcerons, dont près d’un milliard pour le tronçon Nyon-Coppet-Le
Vengeron, est une estimation basse des coûts ne prenant en compte ni les coûts
d’entretien, ni les probables dépassements. Les derniers chiffres de l’OFROU font
déjà état d’un milliard de francs supplémentaires. Il estime le projet anachronique :
“Les défis du XXIe siècle nécessitent des réponses adaptées à notre temps: les
autoroutes sont des infrastructures coûteuses et dépassées qui ne répondent ni aux problèmes d’aujourd’hui, ni à nos besoins pour la mobilité de demain.”

Les impacts sur la nature et les terres agricoles seraient aussi catastrophiques. Ces
projets menacent 400’000 m2 de forêts, d’espaces verts et de terres agricoles. Le
projet romand supprimera à lui seul plus de 3 hectares de terres agricoles dont la
compensation n’est pas encore définie et réduira notre souveraineté alimentaire. Des zones de protection seront également atteintes. Pierre Patelli d’Ensemble à Gauche s’exprime : “Il est temps de mettre un frein à ce modèle de déplacement. On ne peut plus continuer à tout bétonner comme si on avait des terres et des ressources infinies. Ce modèle de développement est dépassé.”

Caroline Marti, députée PS au Grand Conseil genevois, souligne l’incohérence du
projet d’extension Nyon-Genève avec la politique régionale : “Ces projets sont en
complète contradiction avec les plans climats vaudois et genevois. Ces derniers
visent une réduction de 80% du trafic individuel motorisé (TIM) d’ici 2050.” Les
Accords de Paris et la loi fédérale sur le climat, largement acceptée par le peuple en
2023, fixe le zéro émission de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. La transition vers
un parc automobile 100% électrique ne permettant qu’une réduction de moitié des
émissions, cela doit impérativement s’accompagner d’une réduction du TIM. Le
Conseil Fédéral, dans son message du 22 février 2023, admet que “la réalisation de
l’étape d’aménagement 2023 générera un accroissement des kilomètres parcourus
et donc une augmentation des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à
effet de serre”.

L’extension de l’A1 met également en péril le développement du rail, pourtant urgent
entre Lausanne et Genève. L'extension de l’autoroute rentrerait directement en conflit avec l’option la plus probable et la moins coûteuse de nouvelle voie ferroviaire entre les deux capitales cantonales. Brenda Tuosto, conseillère nationale PS vaudoise et membre de la CCT, souligne : “Le développement d’une stratégie de mobilité multimodale tournée vers l’avenir et le bien-être des citoyennes et citoyens doit être la priorité du Conseil fédéral, et cette votation nous en écarte.” Elle met également en avant l’aspect peu abouti du projet : les coûts d’entretien et d’amortissement manquent, les mesures d’accompagnement sont inexistantes et le rapport sur les coûts externes est camouflé. Le Conseil fédéral se mure dans une politique du passé qui ne prend pas en compte les besoins de la population.

En bref : au niveau local, régional comme fédéral, ce projet d'extension est délétère. Il perpétue une politique de mobilité obsolète menée par Albert Rösti, chantre des lobbys routiers et du pétrole. A la place, l’alliance des partis VD-GE prône des investissements dans le ferroviaire, la mise en place d’une stratégie de mobilité multimodale et des alternatives à la voiture qui font envie. Le 24 novembre, le NON doit l’emporter afin de ne pas gaspiller 5.3 milliards de francs au détriment d’une politique axée sur l’avenir.